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Artiste majeure de la scène française et internationale, Dominique Gonzalez-Foerster nourrit son oeuvre d'une mémoire vivante du cinéma, de la littérature et des structures ouvertes de l'architecture et de la musique. À travers un labyrinthe de chambres, d'environnements et de passages, l'exposition inédite intitulée « Dominique Gonzalez-Foerster. 1887-2058 » que lui consacre le Centre Pompidou met en correspondance une trentaine d'œuvres dans la Galerie sud ainsi que sur des terrasses du musée et dans le jardin de l'atelier Brancusi.
À caractère rétrospectif et prospectif, l'exposition propose dans l'espace une chronologie ouverte, qui s'étend de 1887 à 2058. Elle conjugue plusieurs siècles et plusieurs climats en trouvant son origine à la fin du 19ème siècle, traverse les expériences du 20ème siècle et projette le spectateur dans des paysages et des intérieurs tropicaux ou désertiques, biographiques ou dystopiques. Ces réalités parallèles, ces espaces scéniques - où coexistent les genres du paysage, du portrait et des chambres d'époque - deviennent une demeure de fiction aux multiples entrées. Parfois scènes, terrains de jeu ou récits introspectifs, les chambres, les films et les « apparitions » de Dominique Gonzalez-Foerster font exister, à la manière d'un opéra ou d'une comédie musicale, toutes sortes d'apparitions cinématographiques, littéraires et scientifiques.
L'exposition devient un monde hétérogène et multiple habité de sensations, de récits et de citations. Il y a dans l'oeuvre de Dominique Gonzalez-Foerster une tension entre fini et infini, fragment et aspiration à une totalité, apparition et disparition, une superposition de temps et d'espaces rhizomatiques qui, par leur porosité, peuvent être analysés, selon les mots de Danielle Cohen-Levinas, comme « un phénomène de condensation, le raccourci d'une extension infinie d'événements chronologiques [...] qui se confond avec l'instant, l'ici et maintenant ». Des « Chambres », théâtres sans acteurs, aux « Séances biographiques » qui libèrent fiction, mémoire et affects, d'Ann Lee à ses « Apparitions » en Fitzcarraldo ou Vera Nabokov, l'ensemble de son oeuvre peut se relire comme un phénomène d'expansion du temps et de l'espace, de la littérature, du cinéma et des limites de l'identité, composant un vaste opéra. Dominique Gonzalez-Foerster laisse l'oeuvre en suspens, en déplacement, afin de la faire apparaître « ici et maintenant » en des espaces qui sont comme autant de seuils destinés à être franchis par l'imaginaire. Elle place le visiteur au cœur de l'oeuvre, comme Alain Resnais proposait au spectateur de L'Année dernière à Marienbad d'être « pour la première fois au cinéma [...] le co-auteur d'un film [...]. C'est à [lui] qu'il appartiendra de décider si cette image, ou celle-là, [...] est réelle ou imaginaire, si cette image figure le présent ou le passé » et de décoder les indices, les attitudes et l'intrigue à partir de sa propre sensibilité et de sa mémoire.
Commissaire : Mnam/CCi, Emma Lavigne
L'oeuvre présentée en terrasse Sud a reçu le soutien de Pernod Ricard, Grand mécène du Centre Pompidou